MAURICE BARRÈS, LE GRAND INCONNU

Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Bon d'accord, ne nions pas l'intérêt provincialiste que déclenche ce livre pour un Lorrain sensible « à ces lieux où souffle l'esprit », lui le chantre de la colline inspirée de Sion-Vaudémont (Á la fois lieu de culte de la déesse Rosmertha de la fertilité et origine de la branche autrichienne des Habsbourg-Lorraine !), où est érigé un monument à sa gloire, faisant face à l'est, vers cette Allemagne qui fut, pour lui un objet d'ambivalence : à la fois rejetée et admirée pour sa culture. Mais contrairement à d'autres lorrains connus (les peintres Jacques Callot et Claude Gellé dit le Lorrain, Georges de Latour, pour ne citer qu'eux), Emmanuel Godo, professeur de littérature en classes préparatoires au prestigieux lycée Henri IV, nous rappelle que Maurice Barrès (1862-1923) devint très vite une gloire nationale dont on a peu idée aujourd'hui et va influencer de très nombreux écrivains et hommes politiques : Aragon, Malraux, Drieu La Rochelle, Nimier, Mauriac, De Gaulle et Mitterrand pour ne citer qu'eux.

Il représente « l'esprit fin de siècle » qui voudrait amener quelque chose de nouveau à une période qui ne s'annonce guère paisible et nous conduira à la guerre de 14-18. Boulangiste, anarchiste sous certains aspects, nationaliste, il va devenir le maître à penser de toute une génération dont la voix sut dominer les grands débats politiques et idéologiques. Bien que, cependant, nous pouvons aujourd'hui critiquer ses orientations anti-dreyfusardes. Son obsession sera de rester un homme libre, et de prôner le « culte du moi » afin d'échapper à l'emprise des masses et des lieux communs.

Ce chantre « de la terre et des morts » deviendra, paradoxalement, le « Prince de la jeunesse » dans laquelle celle-ci se reconnaît dans son roman : « les déracinés ». Étrangement, cet homme de l'est, va être fasciné par l'orient et ses paysages noyés dans la chaleur et la lumière (Contraste avec les paysages lorrains de son enfance sans doute !) et celui qui est devenu un mondain parisien, est anxieux de trouver de nouvelles retraites pour s'échapper à la superficialité d'une société sur laquelle il ne manque pas de porter un regard critique. Barrès nous interroge sur l'existence d'une transcendance au-delà du banal.

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