Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Une jeune néophyte voulait approcher l’art comme une thérapie, au travers de la peinture essentiellement. L’observation silencieuse, puis descriptive, enfin émotionnelle de 52 chefs d’œuvre, à raison d’un par semaine, servira de fil conducteur. Commençons par le 18ème siècle au Louvre, puis le 19ème à Orsay pour terminer à Beaubourg au 20ème.

Nous suivrons alors devant l’œuvre choisie, souvent très connue, l’échange entre cette adolescente de 11 ans et son mentor de grand-père.

Je la fais courte en sautant les parents et leurs névroses, les copines jalouses, le chien (un cocker comme Martine), le monde médical, l’euthanasie, etc… Une moitié du bouquin.

Ces conversations-découvertes au pied de l’œuvre ne sont pas dénuées d’intérêt car elles mettent le pied à l’étrier d’un monde dont se passent beaucoup de gens et qui en a rendu, encore aujourd’hui, d’autres fous !

Mieux, le grand-père (« Dadé » à chaque page) sensible et sage en profite, débordant le ressenti, pour ancrer ce qu’on appelle des valeurs à sa petite fille menacée de cécité. (ceci pour le romanesque).

De là au rôle révélateur de l’art, il n’y a qu’un pas et il faut s’en féliciter. Découvrir que l’art ce n’est pas poètes et paysans sur chevalet du dimanche, et on aura déjà fait une bonne partie du chemin. Bref l’art, c’est pas la déco.

Le récit est simple, souvent louable, vite léger ou lourd, c’est selon, assez conventionnel et à mon sens décevant.

Oui, le regard, petit à petit doit s’aiguiser et s’imprégner du sentiment de l’œuvre, de ce qu’elle nous dit à nous et au monde encore aujourd’hui, sa force de projection au-delà de la représentation, de la forme, sa vocation révolutionnaire et son profond humanisme.

Il y a un au-delà de l’œuvre artistique, qui témoigne encore aujourd’hui et rend le message de l’œuvre vivant, un don souvent sévère d’ailleurs.

Ces points, j’aurais aimé les voir aborder davantage, ce n’est pas venu.

Retenons que la peinture est « cause mentale » (dixit Leonard). Et la simplifier trop, la beurrer de pédagogie, c’est lui enlever sa substance cachée et sa brutalité.

Peindre n’est pas un exercice mais une folie dévorante, pour témoigner de la présence de l’idée et son appui sur le monde.

Quitter une cécité trop quotidienne, appeler à être curieux, est la vertu de ce roman.

Réaliser que l’art est une énigme et qu’il se passe de mots, est une toute-autre affaire.

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