LES VOYAGES DE FEININGER

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲△△△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite △△△△△

Il faut se méfier des bouquins d’occasion qui vous arrivent à l’état neuf. Je me réjouissais pourtant de prolonger mon plaisir d’un documentaire entrevu sur Arte, consacré à Lyonel Feininger 1871-1956. Peintre américain célèbre en Allemagne où il passa la majeure partie de sa vie ainsi qu’aux États Unis où il se replia avec sa famille, contraint par la montée du nazisme et la fermeture du Bauhaus. Il y fut professeur.

Il eut été intéressant d’en savoir davantage sur son œuvre à la fois poétique (les petits paysages) les huiles entre expression et abstraction (prismatiques disait-il), le contenu de son enseignement, ses rapports sur la musique (il fut un violoniste reconnu) avec Klee, sa passion des maquettes navigantes et des jouets, sa jeunesse de caricaturiste, sa vision de créateur dans cette Allemagne de l’entre-deux guerres. Feininger fut classé « dégénéré », le Bauhaus dissous, les peintres traités de « malades mentaux. »

Pourquoi resta-t-il alors si longtemps en Allemagne, malgré quelques brefs voyages en Amérique ?

Ne cherchez pas, dans cet opuscule, un embryon de réponse à cette vie intelligente, sensible, et passionnante. Pourtant l’auteur, journaliste anima avec succès une émission littéraire… Non, le bouquin, à mon sens tient davantage de la conversation de salon. Il est coquet, voilà ! Résonnant creux, superficiel. On n’en demandait pourtant pas beaucoup sur cet artiste qui fit l’objet d’une unique exposition en France, au Havre cet été.

Il ne peut en être qu’ainsi quand on emploie le « je » possessif à chaque phrase (j’exagère à peine… quelle idée !) coupant toute pédagogie et empathie, étouffant l’artiste, qui n’en demandait pas tant, l’emmiellant dans une fausse confidence. Rien de plus terrible que la possession et de se raconter soi au travers d’un autre.

Je vous livre la dernière phrase du bouquin, qui résume tout : « Feininger disparait le 31 janvier 1956, treize ans avant que nous nous rencontrions. » Se tirer une balle dans le pied ? On n’a jamais fait mieux.

Courrons acheter le catalogue de l’expo (introuvable à un prix correct), ou mieux, revendons famille, bagnole et logis pour se le procurer.

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