Contribution La Griffe  Île de France

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲△△△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Voilà encore un philosophe qui fit éclater de rire Voltaire et déchaîna son ironie en répandant l'idée que l'état mental de Leibniz faisait qu'il voyait des monades partout ! Leibniz, lui-même, avait des difficultés à expliquer clairement la définition qu'il donnait aux monades dans cet ouvrage destiné, en 1714, au prince Eugène de Savoie-Carignon, afin de lui faire connaître par ce traité (Écrit en français) l'orientation de sa pensée métaphysique, en 90 paragraphes. Signalons que Leibniz, épuisé, meurt deux ans plus tard !

Les monades seraient les éléments du monde. C'est une substance simple qui n'est pas matérielle mais spirituelle : c'est un héritage de Descartes dans le schéma classique entre le rationalisme et le dualisme. La monade ne peut périr, pas plus qu'elle ne peut naître au sens d'un commencement absolu, sa simplicité fonde son indestructibilité qui demeure au-delà de la composition ou de la décomposition, sans influence sur une autre monade. Ce qui amène au principe des indiscernables : on ne trouve jamais d'êtres identiques, donc la monade est une individualité définie par l'ensemble de ses qualités. Seul Dieu a le pouvoir de créer ou supprimer une monade.

La perception est le concept qui permet de comprendre comment la multiplicité et se donne dans une unité par le phénomène que Leibniz appellera « appétition ». On peut discerner deux types de monades : les « Entéléchies » qui n'ont que la perception et l'appétit, et les âmes qui sont des monades qui ont la perception distincte, accompagnée de mémoire. Nous avons donc des monades brutes opposées à des monades spirituelles. Cela débouche naturellement sur une réflexion de la nature de Dieu : il serait la source de toutes les créatures, mais aussi des essences. Kant se servira de cette orientation pour élaborer ce qu'il appellera ses « arguments ontologiques ».

Leibniz, dans sa théorie des monades joue avec le feu : ce n'est que dans une dernière pirouette qu'il échappe avec une théorie des atomes modernisée et d'un matérialisme où Dieu serait absent. Il s'en tire de justesse en créant un idéalisme spiritualiste : il n'existe que des monades et leurs perceptions et que les choses, par conséquent, ne sont que des idées.

Bon courage aux téméraires qui voudront rédiger une planche sur les monades !

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