Contribution La Griffe Midi-Pyrénées

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Anne-Marie Bernad, Prix Voronca 1973 et grand prix de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse 2020, pour ce recueil, est venue à la poésie par Jean Digot qui rayonnait à Rodez, élue par Christian Da Silva qui fit paraître à Verticales 12, « Les mots tombés », son premier recueil. Sept suivront avant de reprendre la pesanteur des mots qui lui tombent dessus dans son dernier livre « L’Ancre des mots ».

Toutes ces années, j’ai lu l’auteure dans Multiples, Friches, Encres Vives.

L’Ancre des mots, Lades en saisit l’esprit en quelques mots économes : « Laissons-nous entraîner par ces mémoires intérieures, fruits de la patience, de l’autre vie, de l’invisible et d’une dévotion à l’absolu. »

Les mots, écrit-elle sur la dédicace de mon exemplaire, sont « ces voix secrètes qui nous donnent à vivre ».

Rien que ça ! Les mots, c’est la vie. C’est là tout son secret, qu’elle livre comme un secret de polichinelle. Car Anne-Marie Bernad, familière du mot secret, est à l’évidence une femme et une poète accomplies. « L’Ancre des mots » la confirme dans cette plénitude.

Si une partie du livre a pour titre « Interrogations », on n’y lit aucun effroi. Les mots l’ont sauvée depuis que Jean Digot lui a révélé qu’elle avait un pouvoir sur eux. Les mots que rassemblent le poème la maintiennent au monde, comme l’ancre empêche le bateau de divaguer.

Et ce pouvoir qu’elle a sur les mots la leste d’un bien-être qui met en lisière les affres du doute, de l’inquiétude inhérente à la condition humaine. C’est elle qui décide de l’usage des mots :

« Ils parlent notre langue / [...] assis dans l’évidence / ils nous regardent ».

Sans eux, pas de vie : « l’implacable poème / fait naître la vie ».

La fatalité tragique, la mort, traversent ce livre. Mais ces impressions qui devraient être désespérées n’engendrent aucune résignation. « Nous devons attacher ensemble / toutes ces impressions désespérées » écrivait Jim Morrisson dans « La nuit américaine ». C’est ce que fait Anne-Marie : « Ne pas se taire / devant le rêve déchiré / de ceux qui sont partis ».

On n’écrit pas L’Ancre des mots sans une vraie aptitude au bonheur. La clef, d’après Gilles Lades serait « une dévotion à l’absolu ». Certes, mais aussi une grande capacité à l’amour, ce qui est peut-être la même chose...        

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