Contribution La Griffe  Midi-Pyrénées

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

L'auteur nous interroge, nous bouscule, nous trouble. Il nous fait explorer le pardon dans les moindres détails et nous conduit à l’essence même de ce qu’il est.

Un pardon pur qu'il situe dans l'absolu, un pardon hyperbolique qui s'exclut de l’oubli ou du temps qui passe, de la paresse ou de l’intégration, de la passion ou de l’hypocrisie, de toute explication, compréhension, raisonnement, de toute intellectualisation. Un pardon qui s'exprime comme un élan du cœur, incontrôlable, inconditionnel, amoureux, irréfléchi et sans contrepartie. Un tel pardon, s'il existe, n’a de réalité que face à un mal infini, hyperbolique comme lui, un mal qui devient, comme nous dit l’auteur, l’organe-obstacle du pardon, un mal qui lui donne sens, et en même temps, qui en crée la limite. Le mal dont parle l'auteur n'est pas le mal de l'ignorant décrit par Socrate, celui qui ne savait pas, ni celui de Spinoza, déterminé et privé de liberté ou de volonté, encore moins celui d’Hannah Arendt quand elle parle de banalité du mal. Le mal véritable est celui qui contient en lui le germe de ce qu'il est, de sa propre existence, qui n’a pas de limite, pas de motivation en dehors de faire le mal.

Pour Jankélévitch, pardonner un crime contre l'humanité reviendrait à commettre un autre crime contre l’humanité. Pour lui, le pardon, s’il a pu exister, est mort dans les camps de la mort.

Je me trouve face à cette vérité cynique et absurde, à ce paradoxe impitoyable, à ce dilemme, cette impasse qui fait que quand je pardonne au mal par amour, je m’associe à lui en délaissant le bien et quand j’oublie le mal, j’oublie en même temps les victimes de ce mal.

Si je pardonne, quelle que soit l’atrocité du crime, j’aurai au fond de moi, un « je ne sais quoi », pour reprendre les termes de l’auteur, le sentiment de me compromettre, de m'identifier même d'une manière infinitésimale au mal, de trahir les morts victimes de ses atrocités en embrassant leurs bourreaux.

L’auteur nous éclaire par ses propos, citations et références, il nous fait voyager à travers le temps, son style est tranchant, sans concession, logique et glacial.

Ce livre est à lire et à relire. Il s'inscrit au centre de nos réflexions, au centre du 20e siècle, celui de la Shoah, du génocide des Arméniens, des Khmers rouges, des Tutsis et hélas de bien d’autres massacres.

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